Mon A. ce message est pour toi.

Depuis quelques temps je me pose beaucoup de questions, quand à l’accueil qui t’est proposé chez T. assistante maternelle. Plus ça va, moins ça va.

Quand j’ai accepté que tu sois accueilli chez elle, je me suis trompée. Il m’aura fallu un an pour m’en rendre compte. Dès le début je savais qu’il y avait des choses qui me contrariaient. Certaines paroles plutôt maladroites notamment, même si rien de dramatique. Et sur l’heure où j’étais restée pour l’entretien, elle parût ouverte. J’ai aimé quand elle m’a dit que ça ne serait pas hyper bien rangé le soir car vous jouez. J’ai aimé quand elle s’est intéressée à toi, à nous, ce que d’autres que j’avais rencontré n’avaient pas forcément fait en m’expliquant plutôt les règles de chez elles… Elle ce n’était pas le cas.

J’ai été rassurée quand elle m’a dit que si j’attendais de la « discipline » il ne fallait pas que j’aille chez elle. Elle ne voulait pas que tu dormes dans un lit ouvert comme à la maison, m’expliquant qu’elle avait peur à cause de l’escalier. J’étais d’accord pour cette concession car elle m’a dit pour autant être d’accord pour rester près de toi quand tu t’endors. Et ça c’était pour moi un élément très important. J’en ai rencontré beaucoup qui m’ont dit non, y compris des crèches. Alors je me suis dis qu’elle paraissait un peu « brute » dans ses gestes, qu’elle manquait de maternage mais qu’elle portait attention aux besoins des enfants, avec un bon fond. Alors j’ai dit oui. Elle a fait partie des mieux que j’ai rencontré.

Elle connaissait mon métier et mes attentes. Et connaissant mon métier elle s’est rapidement confiée sur les difficultés qu’elle rencontrait avec un autre enfant. J’ai été à l’écoute, je me suis dis que je pourrais l’aider… Mais on ne peut aider que quelqu’un qui le veut bien.

Elle m’a demandé l’autorisation de mettre quelques dessins animés qui permettent d’apaiser l’autre petit, la maman de l’autre étant d’accord. J’ai dis d’accord, puis je me suis rendue compte que c’était quand même souvent, ça m’a chagriné. Le beau temps faisait qu’elle sortait beaucoup, et moins de dessins animés, c’est passé.

Après la période d’adaptation tu semblais plutôt content d’y aller. J’ai rencontré quelques temps après une autre assistante maternelle dans le cadre de mon travail, vraiment géniale, chez qui j’aurai aimé que tu ailles mais ce n’était pas possible. C’est sa voisine, alors nous en avons discuté et elle m’a rassuré. Elle m’a dit qu’elle voyait que T. aimait vraiment être auprès des petits. Ça a confirmé ce qui m’avait semblé ressentir chez elle.

Au fur et à mesure des mois il y a eu quelques petits réajustements à faire, des concessions pour moi comme la TV tous les matins en arrivant, mais ça allait. Même si quand on me demandait je disais souvent que je n’avais pas trouvé la professionnelle que je cherchais, mais une personne en qui j’avais confiance pour autant.

Puis j’ai commencé à sentir un désinvestissement. Puis il y a eu un premier clash. La barrière non fermée dans l’escalier, et que tu sois grondé parce que tu es descendu. J’ai haussé le ton. j’ai dis que je ne voulais pas que ça se reproduise et encore moins qu’elle te mette dans une gigoteuse fermée dans le dos pour que tu ne puisses pas l’enlever et sortir du lit. Que si elle voulait être sûre que tu n’escalades pas le lit parapluie elle n’avait qu’a rester vers toi. Elle m’a dit OK. Pour autant tu n’as pas été bien quelques jours quand on te laissait chez elle. On aurait du réagir à ce moment là, je m’en veux de ne pas avoir fait plus que ce gros réajustement.

A cette période elle partait se promener le matin avec vous, tu jouais dans le jardin et je pense que tu y trouvais ton compte quand même. Est arrivé l’été. Elle sortait toujours beaucoup, matin et après-midi. Sauf que l’après-midi il faisait trop chaud. Je lui ai dis. Je lui ai dis que tu étais rouge et assoiffé le soir, elle m’a indiqué te crémer en indice 50 et s’est mise à amener des gourdes d’eau. Au moins tu n’avais plus soif. C’était déjà ça, mais ce n’était pas top. On s’est organisés pour te récupérer plus tôt au moins 1 à 2 jours par semaines sur les 3 jours ou tu y vas, puisqu’elle refusait d’entendre que sortir avant 17h n’était pas bon pour toi.

5 semaines de vacances. 5 semaines à me dire « qu’est-ce que je fais ». Ton papa et moi nous sommes posés maintes fois la question, avant de se dire que ce n’est pas anodin non plus de changer de nounou, au risque de retomber sur le même profil: pas notre idéal, mais pas catastrophique non plus, il n’y a pas maltraitance, juste pas l’investissement que je souhaite voir d’une professionnelle qui accueille des enfants. Nous savions que tu étais le petit préféré de T. et elle montrait un attachement à toi, notamment quand je lui ai parlé de possiblement partir (en évoquant une raison d’horaires qui était vraie également).

Tu parles de mieux en mieux, tu nous raconte des choses et ça a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Son langage à elle, ça ne va pas, ça ne nous convient pas. Et elle tombe en plein dans ce qu’on appelle la violence éducative ordinaire, ça ne correspond pas à ce qu’elle nous avait dit initialement. J’ai tenté de dire les choses doucement. Puis j’ai fait une mise au point très claire. Elle s’est fermé, elle refuse de se remettre en question sur ce point là. C’est non négociable pour moi. C’est fini.

Depuis les langues se délient, des personnes de notre entourage t’ont vu au parc avec elle et nous racontent. Rien de grave, mais tu étais trop livré à toi même, c’est certain. Et les mots ne sont généralement pas envers toi mais envers l’autre petit avec lequel elle a des difficultés, conformément à ce que tu me racontais.

Je te demande pardon mon A. Pardon de ne pas avoir réagit plus tôt. Je me suis appuyée sur ta faculté à t’adapter. Je pense qu’elle ne t’a pas mal accompagnée les premiers mois, et que maintenant elle a besoin d’aide. Tant qu’elle n’acceptera pas d’aide ça risque d’être compliqué pour elle. En quelques semaines il y a eu une accumulation de boulettes, qui heureusement se sont avérées sans gravité mais mis bout à bout c’est énorme et certaines auraient vraiment pu tourner mal.

Me voilà à rencontrer de nouvelles nounous. Cette fois pas de concessions. Soit je trouve une perle, car même si ce n’est que trois jours par semaines, c’est beaucoup. Soit je démissionne.  Je travaille quotidiennement pour amener un mieux être et de la bienveillance dans les pratiques professionnelles des professionnels de la petite enfance. Ce n’est pas pour que ça soit au détriment de toi.

Je t’aime très fort mon A. Nous allons continuer à avancer, tranquillement, et toujours avec ton beau sourire. Ces jours ci se sont les copines qui sont auprès de toi quand je travaille. Elles sont formidables. Et tu y vas tellement joyeux ! Merci Marion, Laurie et Sarah d’assurer ainsi !